“A night in Tunisia” est une chanson mythique du jazz des années 40. Elle parle de la poésie des nuits dans le désert, mais aussi du rêve de liberté et d’identité des Afro-Américains.
« La lune est la même lune au-dessus de vous / Rayonnant de sa froide lumière du soir / Mais quand elle brille la nuit, en Tunisie / Elle brille comme jamais »…
“A night in Tunisia” est un des plus célèbres standards de jazz, composé en 1942 par Dizzy Gillespie.
A l’origine, il n’était pas question de Tunisie dans cette chanson. Elle s’appelait “Interlude” et ses paroles étaient complètement différentes.
Quelques années plus tard, c'est la version de Charlie Parker et Miles Davis qui rendait le morceau célèbre sous son titre définitif : “A night in Tunisia”.
En 1961, la grande Ella Fitzgerald interprétait la chanson avec de nouvelles paroles évoquant la nuit dans le désert tunisien :
« The moon is the same moon above you
Aglow with its cool evening light
But shining at night, in Tunisia
Never does it shine so bright
« The stars are aglow in the heavens
But only the wise understand
That shining at night in Tunisia
They guide you through the desert sand
« Words fail, to tell a tale
Too exotic to be told
Each night's a deeper night
In a world, ages old
« The cares of the day seem to vanish
The ending of day brings release
Each wonderful night in Tunisia
Where the nights are filled with peace
« Each wonderful night in Tunisia »
“A Night In Tunisia” - Hôtel Dar El Marsa, décembre 2018
Chant : Aïcha Ben Amara. Guitare : Kaïs Sellami. Basse : Adel Azzouz. Batterie : Heythem Ben Attia.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée américaine a combattu l’armée allemande en Afrique du Nord, spécialement sur le sol tunisien. Plusieurs milliers de soldats américains y sont morts, leurs dépouilles sont rassemblées dans le Cimetière américain de Carthage près de Tunis.
La Seconde Guerre mondiale a représenté un moment décisif dans le mouvement d’émancipation des Afro-Américains. Les Noirs étaient engagés au combat comme les Blancs, et accueillis en héros par les populations libérées.
Mais aux Etats-Unis ils subissaient toujours la ségrégation et n’ont pas eu droit aux mêmes honneurs à la fin de la guerre. Aussi les années qui ont suivi ont été des années de révolte qui ont conduit au Mouvement des droits civiques.
Le style bebop, lancé à la même époque par Dizzy Gillespie, Charlie Parker et d’autres, illustrait parfaitement cet esprit rebelle. Ce style innovant tournait le dos au jazz trop conventionnel et consensuel des “big bands”.
Il développait des harmonies complexes sur un rythme beaucoup plus rapide, nerveux et syncopé, s’inspirant des rythmes africains.
“A night in Tunisia” appartient à ce courant : son rythme est afro-cubain, ses harmonies et sa mélodie ont quelque chose de déroutant et d’exotique qui peut évoquer l’Orient… ou la Tunisie. La Tunisie qui représentait, pendant la guerre, l’arrivée sur le sol d’Afrique, continent d’origine des Noirs américains.
Ainsi cette Tunisie où « la lune est la même lune », mais « brille comme jamais », où les étoiles « vous guident à travers le sable du désert » et où « les nuits sont remplies de paix » était un beau symbole de retour aux sources, de paix et d’espérance pour les Afro-Américains.
Guillemette Mansour
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